dimanche 27 novembre 2011

Juste énorme


A l'image de la station, cette expérience a été énorme de part ce que j'y ai fais, appris et de part les gens que j'y ai rencontré...

Après avoir quitté la pension pour chevaux, j'ai donc poursuivi ma “western adventure” dans une station de l'outback. Les stations sont ces énormes fermes d'élevage. J'ai travaillé dans cette station en tant qu'helper, c'est à dire que j'étais nourri et logé mais pas rémunéré, ce qui me convenait parfaitement car c'est vraiment une expérience que je voulais vivre en Australie et l'ambiance n'en est que plus conviviale. Au final j'ai quand même été payé, parce que même si Jorgen a un vrai accent de fermier du bush pas facile à comprendre, c'est vraiment un mec cool et il tennait à me récompenser pour le coup de main. En même temps c'est vrai que ça n'a pas été de la tarte comme on dit.

Bref, reprenons... Il y a bientôt trois semaines j'ai quitté Perth en bus de nuit, l'unique bus hebdomadaire déservant Mount Magnet, ma destination, à 550 kilomètres au Nord-Est de la capitale du Western Australia. Jorgen m'attendait à la station d'essence (et de bus) à 4h30 du matin et nous sommes directement parti chercher 800 litres de fuel à 300 kilomètres de là, à l'aérodrome le plus proche, pour approvisionner le petit avion qu'il utilise pour bosser. Puis nous sommes rentré à la fameuse station qui s'étend sur 100 000 hectares (j'ai fais les conversions dans toutes les unités possibles, ça reste vraiment énorme) et où se promènent pas moins de 3000 moutons Moreno et quasiement autant de chèvres Billy. Et me voilà retombé dans une ferme du bush!


Comme dans toutes les fermes, on y fait beaucoup de mécanique. Une de mes premières tâches a été d'aider à réparer les motos-cross qui remplacent les chevaux pour rabattre le bétail. Ca enlève un peu de charme au métier mais c'est quand même beaucoup plus pratique surtout pour un mécanicien de formation comme Jorgen. Sinon je n'ai jamais changé et réparé autant de roue de toute ma vie, les vieux pneux et le bush épineux ne font pas bon ménage, ça éclate comme les ballons à la fête foraine.
J'ai également participé à la construction et la réparation de plusieurs kilomètres de clôtures, dont l'alignement des piquets est très important et vérifié grâce au fusil à lunette servant normalement à tirer les dingos.

Pour la partie plus “cowboy”, nous avons passé quatre jours à changer tous les moutons d'enclos qui ont une superficie moyenne de 80 km². Réveil avec le coq et le soleil à 4h30 pour être au rendez-vous avec l'avion à 5h du mat. Après une petite heure de cartographie et de stratégie, la traque peut commencer.
Trois motos-cross, un ute 4x4 et un avion, ça devrait être facile avec tout ça me direz-vous... Et bien certaines fois le rabattage a duré jusqu'à 8 heures les jours où le climat n'était pas en notre faveur. Le vent joue beaucoup car les moutons remontent naturellement face au vent et les fortes chaleures qui atteignent souvent plus de 40° fatiguent le bétail qui ralentit et s'arrête à l'ombre de chaque arbre ou buisson.
Lors de ces journées j'ai souvent conduis le ute. Il sert de marqueur à l'avion, de transport pour la moto de secours et de récupération des jeunes, des bléssés ou des malades qui n'arrivent pas à suivre le rythme. On force ces pauvres bêtes à parcourir plusieurs dizaines de kilomètres entassé les uns contre les autres en plein cagnar, certains ne survivent pas jusqu'à l'arrivée.
J'ai aussi quelque fois conduit la moto-cross mais ca demande plus de technique. Il faut d'abord regrouper les moutons éparpillés dans le bush aux quatre coins de l'enclos. L'avion nous guide par talkie-walkie pour trouver les bêtes puis en slalomant entre les arbres il faut les rabattre vers le troupeaux. Une fois au complet, il faut continuellement encercler le troupeaux en le poussant vers le portail et se lancer à la poursuite des plus téméraires qui tentent de s'échaper.
Ensuite on met en place les pièges à moutons autour des abreuvoirs alimentés par les éoliennes des années 40. Puis quelques jours plus tard on revient pour charger les moutons dans le camion et les emmener retrouver leurs collègues.

On utilise également les pièges pour capturer les chèvres qui sont trop agiles et n'ont pas assez l'esprit grégaire pour être déplacées en grand nombre avec les motos. Et là c'est du sport! Un mélange d'Interville et de corrida, les Billies sauvages c'est parfois 60kg de muscle, des cornes de plus de 40cm et un caractère très bagarreur. Il vaut mieux toujours surveiller ses arrières et bien garder le tazer à la main. Mais ca nous a quand même valu des moments bien marrants, comme le rodéo sur chèvre ou encore de la lutte au sol, deux hommes versus une big fat Billy. “Fucking stupid animal” comme dirait Jorgen.


La partie la moins drôle de ce boulot est de traiter ou d'achever les moutons infecté par les mouches qui pondent dans leur laine. C'est vraiment pas joli à voir et l'odeur des cadavres qui pourrissent au soleil est vraiment écoeurante. Je pense que l'expérience à l'abattoire m'a pas mal aidé sur ce coup là. D'ailleurs, pour une coïncidence, il y a encore quelque temps Jorgen était en contrat avec l'abattoire T&R de Murray Bridge où j'ai bossé. Là je vois le tout début de la chaine et je comprend mieux où est-ce qu'ils trouvaient toutes ces bêtes à abattre quotidiennement.
Pour retourner à quelque chose d'un peu plus gaie, une autre partie du boulot consiste à libérer les animaux squatters tels que les kangourous ou les émus qui viennent boire dans les pièges et qui se bloquent dans les grillages. "Vas t'en loin, cours, cours petit naïf".

J'aurais voulu rester un peu plus longtemps pour participier à la tonte des moutons dans deux semaines, mais je pense que j'en ai vu assez (j'ai l'impression d'avoir le syndrome des deux-semaines-max-au-même-endroit). Et la fin de mon visa approchant, je veux avoir assez de temps pour trouver un lift et visiter la côte. Parce que c'est sympa les chevaux, les moutons et les chèvres mais le Western Australia possède de magnifiques plages et spots de plongée, ça serait dommage de rater ça.

dimanche 13 novembre 2011

Western me voilà! Yah!


Voilà j'ai quitté Sydney et la côte est pour aller faire un tour dans le dernier état d'Australie que je n'ai pas encore visité, le Western Australia.
Après une nuit à l'aéroport de Sydney pour attraper mon vol pour Perth à 5 heure du mat', j'ai eu le droit à un avion quasiement vide du coup j'ai pu squatter trois places pour ratrapper le sommeil je n'avais pas réussi à avoir sur les sièges rigides du terminal international.

Cinq heures et deux rêves plus tard, Terry m'attendait à la descente de l'avion, une demie heure plus tard j'étais dans l'écurie en train de nourrir les chevaux... Avant de partir de Sydney je me suis trouvé un petit boulot dans une pension pour chevaux, ce qui m'a évité de chercher directement un lieu pour séjourner à Perth, d'économiser les nuits dans un backpacker et de découvrir un nouveau métier, celui de palfrenier. Les journées de travail d'un palfernier se suivent sans interuption, 7 jours sur 7, 6 heures par jour et se ressemblent. Les tâches sont toujours les mêmes, nourrir les chevaux, les sortir, nettoyer les boxes, les nourrir à nouveau, les rentrer et balayer l'écurie.

Un jour, en bossant le nez dans le crotin, j'ai pensé à ceux qui disent “les chevaux c'est ma grande passion”... Je ne sais pas si quand ils disent ça ils prennent bien en compte tous les aspects du cheval, mais à mon avis à ce moment précis de ma journée on ne devait pas voir l'animal sous le même angle. Ils doivent plutôt le voir du dessus assis sur une selle ou depuis un canapé un ticket de PMU à la main et moi je le voyais plutôt d'en dessous, accroupit, avec un panier et une raclette comme seuls outils de passion. En tout cas je ne pensais pas qu'un être, aussi gros soit-il, pouvait quotidiennement larger autant de matière en se nourrissant uniquemnt de foin, d'herbe et de céréales.

Mais plus que la merde, ce qui est désagréable dans une écurie du western ce sont les mouches. Comme si les chevaux et le crotin ne leurs suffisaient pas, elles viennent se coller à nos yeux ou notre bouche. Et les mouches du western sont du genre assez tenaces. Il n'y a pas un jour sans que je ne me fasse pas un apéro surprise lorsque par mégarde je laisse ma bouche entre-ouverte un peu trop longtemps pour reprendre mon souffle. J'ai tenté le voile moustiquaire qui est assez efficace mais pas vraiment pratique pour bosser. Du coup je me suis resigné à partager mon visage avec ces foutus insectes mange-merde.
Puis quand vient la nuit ce sont les moustiques qui prennent la relève et les moustiques Ozzies nourris au sang d'équidé ça rigole pas. A croire qu'ils mènent une compet' à celui qui fera le plus gros bouton. Mais bon ceux-là ne me dérangent plus trop, je m'y suis fais depuis le temps.

Je ne pouvais pas bosser dans un centre équestre sans tenter de monter sur un canasson. Du coup j'ai fais mes premières ballades sur un cheval de plus d'un mètre vingt. Je n'étais pas très rassuré la première fois mais dès ma deuxième tentative j'ai envoyé du lourd, je me suis sentis comme habité par l'âme de Clint Eastwood et je m'imaginais chevauchant Tim le fougeux au grand galop à travers les paysages désertiques de l'outback. D'ailleurs je trouve que le photo l'atteste assez nettement, si on remplace le casque qui me fait une tête micro par une véritable chapeau de cowboy on se croierait en plein western isn't it ?! Bon ok, en vérité j'ai pas trop fais le malin, non pas que j'avais peur de l'altitude ou du caractère imprévisible de cette grosse bête mais parce que je n'étais pas sûre que ce bon vieux Tim était suffisemment en bonne forme pour suivre la cadence que j'aurais pu lui imposer... Voilà tout.


Sinon l'autre activité amusante de se travail est la conduite du quad dans le bush et à travers les enclos. On l'utilise pour tracter les remorques qui nous permettent de transporter le foin, le crotin et toutes sortes de choses à travers la propriété. Il y a aussi la piscine à disposition, ce qui est vraiment agréable après une journée de boulot sous une grosse chaleur.
J'ai également découvert une nouvelle sorte de douche, après toutes les douches roots prises jusqu'ici, la douche dans l'écurie apporte une nouvelle originalité à la toilette. Se laver en compagnie de Grizzy et de Finn est assez amusant bien que ces deux étalons ne soient pas très rassurant.

Un soir alors que je n'étais plus que le seul backpacker dans l'écurie, tous les autres touristes Français ou Allemands l'ayant quitté, Christine la boss et Terry son mari mon invité au resto chinois pour changer un peu des bons plats qu'avait l'habitude de cuisiner mon hôte. J'ai particulièrement apprécié le trajet dans le 4x4 avec la musique country à fond et le fameux titre de l'outback “G'day, G'day” chanté en coeur, on se serait cru dans un vieux film américain.

Enfin voilà, j'ai maintenant quitté l'écurie et pour continuer dans l'esprit western je me trouve maintenant dans une des fameuses "stations" australiennes de l'outback. Mais THE expérience australienne mérite un article à part entière alors je résumerais cette aventure prochainement...